Sébastien Rose nous raconte l’histoire de Sarah (Clémence Dufresne-Deslières), une jeune délinquante qui feint d’être en détresse sur le bord de l’autoroute avec son complice pour détrousser les conducteurs qui lui viennent en aide. La vie de l’adolescente chavire lorsqu’un professeur d’histoire (Alexis Martin) meurt d’une crise de coeur sous ses yeux alors qu’elle tentait de l’escroquer. Prise de remords, elle retrouve la femme du défunt et essaie d’établir une relation d’amitié avec cette dernière (Sophie Lorain).
Le réalisateur nous avait déjà offert Le banquet, La vie avec mon père ainsi que Comment ma mère accoucha de moi durant sa ménopause. Son quatrième long métrage est inspiré de son expérience personnelle. Lorsqu’il était jeune, il a simulé un vol avec des amis et l’homme a failli en mourir. Il aurait pu basculer sur la mauvaise voie, mais cet événement marquant lui a fait prendre la bonne direction. Dans ce film, son héroïne doit accepter et vivre avec la mort. Elle acquiert une conscience, cherche désespérément de l’affection et désire une mère qui la sortirait enfin de sa vie misérable… Sébastien Rose a voulu explorer ici la filiation mère-fille.
Clémence Dufresne-Deslières est convaincante dans le rôle d’une écorchée vive. Ce n’est pas le genre de jeune première qu’on est habitué de voir puisqu’elle a un profil atypique et naturel. La comédienne de 17 ans a d’ailleurs été choisie parmi 300 jeunes filles en audition. À part la scène très bizarre où elle danse spontanément avec la veuve qui est totalement ivre, il y a de beaux moments où elle essaie d’établir un lien de confiance avec la femme du défunt plutôt difficile d’approche… Le synopsis promettait un récit touchant toutefois ce film d’action existentiel mise beaucoup sur les non-dits. Il est donc difficile de s’attacher aux personnages quand on évolue dans ce manque de mise de contexte.
La famille de la délinquante est composée d’un jeune homme (Étienne Laforge) et d’un détraqué qui n’est pas son père (Sébastien Ricard). D’ailleurs, on ne comprend pas trop comment ce trio aux tendances incestueuses s’est formé… L’homme brutal incite les deux jeunes à voler avec lui pour payer ses dettes. Au départ, l’être tourmenté incarné par Sébastien Ricard est réaliste. Malheureusement, cet être louche disjoncte lors d’une violation de domicile et vers la fin, on décroche complètement! J’aurais aimé en savoir un peu plus sur le passé du personnage principal pour comprendre ce qui la poussait à agir ainsi. J’ai été énervée par les apparitions fréquentes du spectre d’Alexis Martin, qui devient d’abord l’objet des fantasmes sexuels de l’adolescente puis tantôt, le confident de celle-ci en lui faisant la morale sur le mensonge.
Avant que mon coeur bascule a été tourné en automne avec un paysage de style nature morte, ce qui donne un aspect dramatique au film. Nicolas Bolduc, directeur photographique, use abondamment de la caméra à l’épaule. On veut sûrement dégager la détresse de vivre de Sarah, mais ça étourdi le spectateur en surdose… Plusieurs séquences auraient pu être supprimées puisqu’elles n’ont pas de lien avec l’histoire et on s’y perd. J’ai également été frappée par le manque de musique. C’est comme si on voulait mettre l’accent sur certaines scènes qui ne sont pas si importantes finalement. En terminant, que dire de la belle finale en queue de poisson?